On peut raconter l'histoire d'un cimetière juif de mille façons différentes. Cette beauté à l'état sauvage est captivante ; ce silence est chargé de sens.
Le destin de ceux qui ont trouvé leur dernière demeure ici brise le cœur.
Mon histoire ne parle pourtant pas de cela. Cela ne parle pas non plus d'un "voyage irréel au bord du néant", même si je porte en moi les mots de poètes : Herbert, Rilke...
Je ne parle pas non plus d'un spleen métaphysique, ni de la condition humaine - incertaine et fragile - pas même d'un passage rituel que chacun de nous, pèlerins, devrons entreprendre un jour.
Il ne s'agit pas non-plus de représenter la beauté des matzevahs. Dans la tradition juive, elles n'ont pas de signification propre, elles sont juste un signe. C'est pourquoi je les ai photographiées de dos.
Qu'est-ce que je voulais montrer alors ? Quelque chose qui m'est apparu et qui m'a parlé en cette journée d'été : héros anonymes qui se mirent à me raconter leur monde dans un langage symbolique. Ils ne parlaient pas de la vie avec les stigmates de la mort mais plutôt du mystère de l'existence et de la non-existence, d'un instant et de l'éternité...